Back Street Life est une performance, à l’instar d’un concert Karaoké, durant laquelle l’artiste taïwanaise Hsia-Fei Chang vêtue d’un kimono en soie de cérémonie interprète une sélection de cinq chansons en langue taïwanaise et une en langue japonaise, le tout dans un style musical traditionnel emprunt des années 1950 : l’Enka.
Les paroles de ces chansons racontent le quotidien des travailleurs taïwanais après la deuxième guerre mondiale et la colonisation (Taïwan ayant été sous la domination coloniale du Japon entre 1895 et 1945). Bien que la plupart des chanteurs aient disparu, ce style musical de tradition japonaise résonne encore aujourd’hui dans la population taïwanaise.
Pendant l’occupation de Taïwan, le gouvernement en place encourageait le peuple à adopter des habits japonais tel que le Kimono. Des cours de couture étaient alors imposées aux filles. La soie étant très couteuse, la plupart des taïwanais confectionnaient des kimonos avec des chutes de tissu en coton.
Le kimono fût ensuite interdit, tout comme les langues taïwanaise et japonaise après la deuxième guerre mondiale. Taïwan entra dans la période noire de la dictature chinoise et le peuple fût forcé d’apprendre le chinois pékinois : le mandarin. Les grands-parents de Chang font parti de cette génération, nés japonais et taïwanais, soudainement considérés comme des « criminels », n’osant plus s’exprimer en public, ni porter l’habit traditionnel : le Kimono.
Cette histoire appartient au passé, au siècle dernier, mais semble toujours présente selon l’observation faite par Chang. L’artiste reporta que, dans le club de jeu dans lequel elle a « performé » pendant deux années consécutives, la plupart des croupiers.ères venaient de la province, de l’étranger et d’outre-mer. Citons : Gracinda, ancienne miss 2013, originaire du Portugal ; Alexandro qui quitta Rome et sa famille ; le jeune Gaetan arrivant tout droit du nord de la France ; Lucia débarquant du Madagascar avec son mari et sa fille etc. tous ces employés ont adopté l’uniforme imposé par le Club. Ils ont dû masquer leur identité pour gagner de l’argent, pour subvenir à leurs besoins, survivre tout simplement.
L’artiste dédie la performance Back Street Life à tous les travailleurs, loin de chez eux, qui cherchant à survivre et à se construire une meilleure vie, ainsi qu’à l’espoir humain et à sa jeunesse, enfin à ses grands-parents.
Back Street Life a été réalisée lors de l’exposition de Hsia-Fei Chang, Les jeux sont faits, rien ne va plus. 17.01.2023 – 25.02.2023, galerie Laurent Godin, Paris.
Durée : 25 mns.
VIDÉO: SKIN, Luxembourg.